Left Continuer mes achats
Commande

Votre panier est vide

Devise

Huiles essentielles et émotions : Découvrez l'aromachologie

L'arôme envoûtant du café fraîchement moulu vous ramène instantanément à ces matins paresseux chez vos grands-parents, mais pas à la machine à café au travail ! Cette connexion entre les odeurs et nos souvenirs peut se manifester de mille façons. 

L'aromachologie est la science qui étudie l'influence des odeurs sur le comportement et les émotions humaines. Elle explore les mécanismes neurologiques et psychologiques par lesquels les odeurs affectent l'humeur, la cognition et le bien-être général.

Mais comment les odeurs peuvent-elles influencer notre système nerveux, nos émotions, et notre bien-être global ?

La réponse réside dans la manière dont notre cerveau interprète les signaux olfactifs. Lorsque nous respirons une odeur, des molécules odorantes se lient à des récepteurs situés dans notre cavité nasale. Ces récepteurs envoient ensuite des signaux électriques à travers le bulbe olfactif, directement vers le système limbique, une région du cerveau impliquée dans les émotions, la mémoire et le comportement. Contrairement aux autres sens, l'odorat a un accès direct à cette partie primitive et émotionnelle de notre cerveau, ce qui explique pourquoi certaines odeurs peuvent déclencher des souvenirs puissants ou modifier notre humeur instantanément.

L'aromachologie s'intéresse donc à ces interactions complexes et à leurs applications pratiques. 

Dans cet article, nous allons plonger dans l'histoire de l'aromachologie, en explorant ses fondations scientifiques, ses développements en neurobiologie et en psychologie, ainsi que sa reconnaissance croissante comme une discipline scientifique à part entière. Nous découvrirons également comment cette science s'est diversifiée et étendue au cours des dernières décennies, touchant des domaines aussi variés que le marketing, le design d'ambiance et les thérapies olfactives.

Aromathérapie, aromachologie, olfactothérapie : 

quelles différences ? 

Mais avant de commencer notre exploration, examinons d'abord les spécificités de chaque discipline. L'aromathérapie, l'aromachologie et l'olfactothérapie sont trois disciplines distinctes qui utilisent les propriétés des odeurs, mais avec des approches et des objectifs différents. 

  • L'aromathérapie, fondée sur l'utilisation thérapeutique des huiles essentielles, vise à traiter des problèmes de santé physique et psychologique par l'application ou l'inhalation de ces substances naturelles. Dans ce cas, ce sont les molécules actives qui sont responsables de l'activité thérapeutique, par exemple, le thymol du thym qui a des propriétés antiseptiques.
  • L'aromachologie, quant à elle, est une science qui étudie l'impact des odeurs sur le comportement et les émotions humaines. Par exemple étudier l'amélioration des performances sportives grâce à l'administration d'une odeur de menthe poivrée. [1]
  • L'olfactothérapie est une pratique thérapeutique qui utilise les odeurs pour stimuler des souvenirs et des émotions dans un but de guérison émotionnelle ou psychologique. Par exemple les huiles essentielles d'agrumes (mandarine, orange douce, citron) : sont recommandées pour lutter contre la tristesse et le manque de joie de vivre. Elles évoquent le soleil et la lumière, ce qui peut aider à stimuler des émotions positives et des souvenirs joyeux. 

Les bases scientifiques : 1900-1950

Les origines de l'aromachologie au 20ème siècle sont ancrées dans les avancées de la chimie organique. Les premiers travaux ont permis d'isoler et de caractériser les molécules odorantes des plantes.Ces développements ont été cruciaux pour la compréhension des propriétés spécifiques des huiles essentielles et de leurs effets sur le corps et l'esprit.

Les pionniers de l'aromathérapie, tels que René-Maurice Gattefossé et Jean Valnet, ont été déterminants dans cette période. Gattefossé, souvent considéré comme le père de l'aromathérapie moderne, a découvert les propriétés curatives de l'huile essentielle de lavande en 1910, après avoir soigné une brûlure avec succès. Son ouvrage "Aromathérapie: Les huiles essentielles, hormones végétales" publié en 1928 a jeté les bases scientifiques de l'étude des effets physiologiques des odeurs. De son côté, Jean Valnet a utilisé les huiles essentielles pour traiter les soldats blessés durant la Seconde Guerre mondiale, contribuant ainsi à la légitimation de leur usage thérapeutique.

Révolution en neurobiologie et psychologie : 1950-1970

Les années 1950 à 1970 ont été marquées par des découvertes majeures en neurophysiologie de l'olfaction. Karl von Frisch a publié des travaux sur le sens de l'odorat chez les abeilles en 1961, offrant des insights précieux sur les mécanismes de perception olfactive. John E. Amoore a proposé la théorie stéréochimique de l'odorat en 1952 et a développé cette théorie dans son livre "Molecular Basis of Odor" en 1970, établissant un fondement moléculaire pour la compréhension de la perception des odeurs.

Parallèlement, la psychologie environnementale se développe, explorant l'influence de l'environnement sur le comportement humain. Les études sur les effets des stimuli sensoriels, y compris les odeurs, montrent que les fragrances peuvent influencer notre humeur et notre cognition de manière significative. Ces découvertes ont mis en évidence l'importance des odeurs dans notre environnement quotidien et ont jeté les bases pour l'application des principes de l'aromachologie dans divers contextes.

Convergence des disciplines et naissance de l'aromachologie : 1970-1990

Dans les années 1970, les approches chimiques, neurologiques et psychologiques ont commencé à converger, permettant le développement de méthodologies de recherche interdisciplinaires. Cette intégration des connaissances a été essentielle à l'émergence de l'aromachologie en tant que discipline scientifique. L'industrie du parfum a montré un intérêt croissant pour les effets psychologiques des fragrances. La création de la Fragrance Foundation Research Fund en 1980 a marqué un tournant en soutenant la recherche sur l'influence des odeurs sur les émotions et le comportement.

En 1982, Annette Green, présidente de la Fragrance Foundation, a introduit le terme "aromachologie" ( dérivant des mots anglais "aroma" et "psychology), officialisant ainsi cette nouvelle discipline. Des chercheurs comme le Dr. Shizuo Torii et Alan Hirsch ont mené des études rigoureuses sur l'impact des odeurs sur la physiologie et la psychologie humaines, contribuant à la reconnaissance scientifique de l'aromachologie.

Expansion et diversification : 1990-2000

Les années 1990 ont vu des avancées technologiques significatives, telles que l'imagerie cérébrale (IRM fonctionnelle), permettant de visualiser l'activation cérébrale en réponse aux odeurs. Ces technologies ont révolutionné la recherche en neurosciences olfactives, offrant de nouvelles perspectives sur la manière dont les odeurs influencent le cerveau et les émotions.

L'aromachologie a trouvé des applications dans divers domaines, notamment le marketing olfactif, le design d'ambiance et les thérapies basées sur les odeurs. Des chercheurs comme Rachel Herz et Hanns Hatt ont mené des études approfondies sur les liens entre l'olfaction, les émotions et la mémoire, ainsi que sur les récepteurs olfactifs, élargissant les connaissances scientifiques sur le fonctionnement de l'olfaction.

Des entreprises de l'industrie du parfum, telles que Shiseido, Givaudan et IFF, ont investi dans la recherche en aromachologie, développant des centres de recherche dédiés et collaborant avec des universitaires pour explorer les effets des odeurs sur le bien-être humain. Ces efforts ont permis d'objectiver les liens entre les essences et les émotions qu'elles suscitent, renforçant ainsi la crédibilité scientifique de l'aromachologie.

Ces recherches utilisent l'électroencéphalogramme (EEG) et l'imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) pour observer les réactions cérébrales aux odeurs, permettant aux parfumeurs de prédire et de valider les effets émotionnels de leurs créations. 

L'odorat en tête pour évoquer des souvenirs

L'être humain perçoit son environnement à travers cinq sens principaux : l'ouïe, la vue, le goût, le toucher et l'odorat. Parmi ces modalités sensorielles, l'odorat se distingue par sa capacité exceptionnelle à raviver des souvenirs et à déclencher des réponses émotionnelles intenses.

Le "pouvoir de réminiscence" d'un sens fait référence à sa capacité à évoquer des souvenirs, souvent de manière vive et spontanée. Une étude menée par l'Université Rockefeller a quantifié et mis en lumière la répartition de ce pouvoir parmi nos différents sens :

  • Odorat : 35% - Le sens de l'odorat s'est révélé être le plus puissant en termes de réminiscence. Les odeurs ont la capacité unique de déclencher des souvenirs précis et émotionnellement chargés, parfois datant de plusieurs décennies. Cette connexion forte entre l'odorat et la mémoire s'explique par l'anatomie du cerveau : les signaux olfactifs sont directement traités par le système limbique, responsable des émotions et de la mémoire.
  • Goût : 15% - Bien que le goût soit étroitement lié à l'odorat, son pouvoir de réminiscence isolé est moins fort. Cependant, comme le démontre l'expérience de la madeleine de Proust, lorsqu'il est combiné avec l'odorat, il peut devenir un puissant déclencheur de souvenirs.
  • Vue : 5% - La vue joue un rôle crucial dans notre mémoire. Les souvenirs visuels sont souvent détaillés et constituent une grande partie de notre mémoire autobiographique, même si leur pouvoir de réminiscence est moins fort que celui de l'odorat ou du goût.
  • Ouïe : 2% - Les sons, en particulier la musique, peuvent évoquer des souvenirs forts et des émotions associées. Cependant, ces souvenirs sont généralement moins précis et moins émotionnellement intenses que ceux évoqués par les odeurs.
  • Toucher : 1% - Les sensations tactiles peuvent également déclencher des souvenirs, bien que de manière moins fréquente et moins intense que les autres sens.

L'Université Rockefeller (2019) a également identifié certaines odeurs comme particulièrement mémorables en raison de leur parfum distinctif :

  • le shampooing pour bébé : Cette odeur douce et délicate évoque souvent des souvenirs liés à l'enfance ou à la parentalité.
  • une voiture neuve : Cette odeur caractéristique est souvent associée à des moments d'excitation ou d'accomplissement.
  • l'odeur des hôpitaux : Bien que pas toujours agréable, cette odeur antiseptique peut déclencher des souvenirs intenses liés à des expériences médicales.
  • le pain frais d'une boulangerie :  
  • l'odeur des vieux livres dans une bibliothèque : Cette odeur particulière peut évoquer des souvenirs liés à l'apprentissage, à la découverte ou à des moments de calme et de concentration. 

La madeleine de Proust : L'aromachologie avant l'heure !

"Et tout d'un coup le souvenir m'est apparu. Ce goût, c'était celui du petit morceau de madeleine que le dimanche matin, à Combray, quand j'allais lui dire bonjour dans sa chambre, ma tante Léonie m'offrait après l'avoir trempée dans son infusion de thé ou de tilleul."
Cette phrase est particulièrement importante pour l'aromachologie car elle illustre parfaitement le concept de mémoire olfactive et gustative. Elle montre comment une sensation sensorielle (ici le goût et l'odeur de la madeleine trempée dans le thé) peut déclencher un souvenir vivace et détaillé.

Comment fonctionne l’aromachologie ?

L'aromachologie étudie donc les effets des odeurs sur le psychisme humain, en explorant les mécanismes impliquant notre odorat, le système olfactif et le cerveau.

Le système limbique : Le cœur de nos émotions

Le système limbique, une région du cerveau, est central dans la génération et la régulation des émotions (peur, rage, motivation) et des comportements instinctifs (faim, soif, satiété, instinct sexuel et de survie). Ce système joue un rôle fondamental dans notre survie en répondant intensément aux stimuli sensoriels, sans être sous le contrôle de notre volonté consciente. L'aromachologie s'intéresse particulièrement à ce système en raison de son rôle clé dans la réponse émotionnelle aux odeurs.

Le voyage des odeurs

Les odeurs voyagent sous forme de minuscules particules transportées par l'air. Lorsqu'elles pénètrent dans notre nez, elles rencontrent les cellules réceptrices olfactives (neurones sensoriels de l'épithélium olfactif) situées dans les fosses nasales internes. Ces cellules sont spécialement conçues pour analyser les informations chimiques contenues dans les odeurs. Ces cellules transforment le signal chimique des odeurs en impulsions électriques.

Comment est transmise l'information olfactive ?

Les impulsions électriques générées par les cellules réceptrices sont transmises au bulbe olfactif, une structure située à l'avant du cerveau. Le bulbe olfactif joue le rôle de relais, envoyant ces signaux au cerveau pour traitement et interprétation. L'information olfactive est alors dirigée vers le système limbique, particulièrement vers l'amygdale et l'hippocampe, deux structures impliquées dans la gestion des émotions et des souvenirs.

Influence des odeurs sur le psychisme

La stimulation du système limbique par les odeurs peut provoquer des changements notables dans notre état émotionnel et psychologique. Par exemple, l'inhalation de certaines odeurs peut influencer notre humeur, nous rendant plus heureux ou tristes, plus alertes ou détendus. 

L'odeur constitue le principal déclencheur des émotions après la vue. En effet, il a été rapporté [2] que 75 % des émotions humaines sont générées par l'odeur.

Un exemple assez classique (mais pas très healthy !) est l'odeur de "vapeur de frites" qui se répand souvent à l'extérieur des restaurants fast-food. Cette odeur de cuisson caractéristique est conçue pour stimuler l'appétit et évoquer des associations positives avec le restaurant. Elle peut déclencher une envie soudaine d'entrer dans le restaurant, même chez des personnes qui n'avaient pas initialement l'intention de manger. Cette réaction illustre assez bien comment les odeurs peuvent influencer nos décisions et nos comportements de manière inconsciente ! 

Applications pratiques de l'aromachologie

L'objectif principal de l'aromachologie est de comprendre et de quantifier scientifiquement comment les odeurs affectent notre psychisme. Cette compréhension permet de développer des applications pratiques, telles que l'utilisation des huiles essentielles pour améliorer le bien-être mental et émotionnel.  

L'aromachologie trouve des applications dans divers domaines, exploitant les effets des odeurs sur notre psychisme pour améliorer le bien-être et influencer les comportements :

  1. Santé et bien-être :
    • Gestion du stress : Diffusion d'huiles essentielles de lavande ou de bergamote dans les salles d'attente des cabinets médicaux pour apaiser l'anxiété des patients.
    • Amélioration du sommeil : Utilisation de diffuseurs d'huiles essentielles de camomille dans les chambres pour favoriser l'endormissement et améliorer la qualité du sommeil.
  2. Marketing et commerce :
    • Marketing olfactif : Création d'ambiances olfactives spécifiques dans les points de vente pour influencer positivement l'humeur des clients et augmenter le temps passé en magasin.
    • Développement de produits : Utilisation de bases de données d'émotions liées aux odeurs pour créer des parfums évoquant des sentiments spécifiques. [3]
  3. Environnement professionnel :
    • Stimulation cognitive : Diffusion de fragrances comme le romarin ou la menthe poivrée dans les espaces de travail pour améliorer la concentration et la productivité.
    • Réduction du stress au travail : Utilisation de fragrances apaisantes dans les bureaux pour créer un environnement de travail plus serein.
  4. Sport et performance :
    • Préparation mentale : Utilisation d'odeurs stimulantes comme la menthe poivrée pour augmenter la vigilance et la performance des athlètes avant une compétition.
    • Récupération : Application de fragrances apaisantes pour favoriser la relaxation post-entraînement.
  5. Thérapie et santé mentale :
    • Soutien thérapeutique : Utilisation d'odeurs pour évoquer des souvenirs et des émotions dans le cadre de thérapies psychologiques, notamment pour le traitement des troubles liés au stress post-traumatique.
    • Accompagnement des personnes souffrant d'anosmie (perte de l'odorat) en stimulant la mémoire olfactive.

Ces applications démontrent comment l'aromachologie, en étudiant scientifiquement les effets des odeurs sur notre psychisme, permet de développer des solutions pratiques pour améliorer divers aspects de notre vie quotidienne, de notre santé mentale et de notre bien-être émotionnel. 

Bibiographie

[1] Raudenbush, B., Corley, N. et Eppich, W. (2001) 'Enhancing Athletic Performance through the Administration of Peppermint Odor', Journal of Sport and Exercise Psychology, vol. 23, no. 2, pp. 156-160.

[2] Girona-Ruíz, D., Cano-Lamadrid, M., Carbonell-Barrachina, Á.A., López-Lluch, D. et Esther, S. (2023) 'Aromachology Related to Foods, Scientific Lines of Evidence: A Review', *Centro de Investigación e Innovación Agroalimentaria y Agroambiental (CIAGRO-UMH), Miguel Hernández University*, Orihuela, Spain.

[3]  The fragrance Fondation France Parfums, neurosciences et émotions : la trilogie qui monte en puissance

 

Laissez un commentaire

Veuillez noter que les commentaires doivent être approuvés avant d'être affichés